Nouvelle-Aquitaine Initiative pour une agriculture
Citoyenne et Territoriale

Présentation du système agricole de Pascal, céréalier en Charente, qu'il a mis en place depuis 12 ans, en respectant les trois piliers qui définissent l’agriculture de conservation des sols. Ces méthodes sont aujourd’hui reconnues comme pouvant contribuer à réduire les effets du changement climatique.

Installé sur 134 ha, Pascal est devenu céréalier suite à l’arrêt de l’activité laitière en 2008. Il décide de préserver les sols et la biodiversité de la ferme : arrêt des cultures annuelles sur les parcelles les plus sensibles, mise en place de l’agriculture de conservation des sols sur le reste de la ferme, préservation des mares, haies, lisières forestières... en privilégiant une conduite économe et autonome du système et en favorisant la solidarité entre collègues !

La ferme

La ferme se situe en périphérie d’Angoulême où les céréales prédominent, le paysage est ouvert en plaine avec des bosquets et les vallées boisées sont en zone Natura 2000. Les sols sont diversifiés : groies superficielles à très superficielles, sables, limons.

La ferme est éclatée sur plusieurs ilôts : autour du siège d’exploitation, dans le marais, dans la vallée de la Boëme

  • SAU total : 134 ha
  • 23 ha de prairies
  • Entre 35 et 45 ha de couverts végétaux tous les ans
  • 6 à 8 cultures dans l’assolement
  • Nombre d’UTH : 1

L’Agriculture de Conservation des Sols pour valoriser les terres les plus productives

pillier AC 1024x679Le système est en place depuis 12 ans et repose sur les trois piliers qui définissent l’agriculture de conservation des sols : une couverture permanente des sols, un assolement diversifié, un travail du sol réduit voire supprimé. L’ACS est aujourd’hui reconnue comme pouvant contribuer à réduire les effets du changement climatique (Solagro, FAO,Ministère de l’agriculture, de l’écologie).

Sur la ferme, les couverts végétaux sont implantés dans les jours qui suivent les récoltes et lorsque la pluie est annoncée pour favoriser une levée rapide. Leur composition est adaptée à la date d’implantation et leur durée de vie.

  • Couverts estivaux (derrière céréales à paille) : colza avec plantes compagne (moutarde + fénugrec + sarrasin). Le colza peut être récolté si la levée est réussie. 25 à 30 ha/an.
  • Couverts hivernaux (derrière tournesol ou maïs) : avoine + féverole (+ lin, + pois + vesce …) ou féverole pure. Entre 25 et 45 ha/an.

La succession des cultures de vente et des couverts végétaux limite la présence de sol nu et permet de protéger le sol des intempéries (excès d’eau, de chaleur, de soleil).

L’assolement et la rotation ont été complexifiés. Il y a plus de cultures de vente (de 4 à 6). Les cultures à bas niveau d’intrants ont fait leurs apparitions dans le système : soja en sec, millet, sarrasin, féverole…mais aussi le colza avec plantes compagne, les cultures associées (céréales+ légumineuses)…

L’assolement n’est pas figé et dépend de la situation au moment de l’implantation des cultures (rotation opportuniste). Par exemple, lorsque l’implantation du tournesol est ratée suite à des dégâts de pigeons ou limaces, au lieu de ressemer l’agriculteur implante du millet ou du sarrasin à la place.

L’implantation de mélange de variétés en céréales à paille permet de jouer sur la diversité de sensibilité selon les espèces et ainsi peut contribuer en plus de minimiser les risques maladies, ravageurs, à réduire le risque climatique.

Plus les espèces et variétés sont nombreuses plus le sol peut être équilibré et préservé !

La large mosaïque de cultures et de variétés cultivée sur la ferme constitue un véritable socle d’adaptation de l’exploitation aux évolutions du climat. Les différentes cultures et variétés associées ou non permettent de réduire les pertes de rendements importants susceptibles de compromettre la rentabilité de l’exploitation, en lissant l’impact ponctuel en cas d’aléa climatique.

La perturbation des sols est minimale : réduction du travail du sol…sans impact sur le rendement. Et pour y parvenir l’investissement dans un équipement de précision et complémentaire (pour intervenir dans toutes les situations) est nécessaire : semoirs à disques ou à dents en direct, strip till, déchaumeurs à disques, rouleau, trieur…

Un sol non perturbé développe une meilleure structure, une activité biologique plus complexe et l’agriculteur peut bénéficier d’une réduction importante de coût de ses charges.

L’ensemble de ces pratiques a été accompagné d’une réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.

experimenter 2 redimensionne"Caler ses interventions à bon escient nécessite beaucoup d’observations. En effet, l’évolution vers l’ACS modifie les équilibres en place (flore adventices différente, risques sanitaires et parasitaires sur les cultures évoluent). Le sol peu perturbé, la succession aléatoire des cultures, réagit différemment par rapport à un sol travaillé pendant les cycles des cultures.

L’observation des parcelles et des cultures est donc essentielle pour conduire son système en ACS. Le recours aux collectifs est ici essentiel pour avancer. L’agriculteur est impliqué dans le CIVAM du Sud Charente, et à Cultibons la Biodiversité (CBD)." Bérengère, animatrice du CIVAM

Préserver les espaces naturels présents sur la ferme

Prairies inondables, haies, bosquets sont conservés pour plus de biodiversité. Les terres les plus vulnérables sont devenues et sont maintenues en prairies (groies légères et sols argileux) depuis plusieurs années. Elles constituent des espaces qui s’enrichissent au fil du temps en espèces végétales. Elles sont valorisées en foin en soutien aux éleveurs des communes voisines les années où le fourrage fait défaut.

Sur la ferme, qui présente de nombreux îlots, la taille moyenne des parcelles est de 7 ha, ce qui est peu en système grandes cultures mais s’avère favorable à la biodiversité. En effet, les haies (plus de 2 kms), les lisières forestières (plus de 5 kms), les bosquets (29 ha), les arbres isolés s’intercalent entre les parcelles en cultures et créent un réservoir d’auxiliaires de cultures qui peuvent avoir un impact favorable sur la conduite des cultures.

Au-delà de la biodiversité, ces espaces constituent des zones d’atténuation aux évolutions du climat : Ombrage des arbres en période de sécheresse, protection permanent du sol, lieu de stockage du carbone.

Produire une partie de ses semences pour s’adapter au changement climatique

Pour préserver un patrimoine génétique adapté aux conditions pédo-climatiques de la ferme plusieurs espèces font l’objet d’une sélection par l’agriculteur. Les semences des céréales à paille et des plantes pour les couverts végétaux proviennent des récoltes de l’année précédente. Au fil du temps et des saisons, les individus les plus adaptés aux conditions pédo-climatiques de l’exploitation sont sélectionnés.

Les travaux de sélection massale proposée par CBD pour le tournesol et le maïs favorisent les plantes les plus adaptées aux critères recherchés par l’agriculteur.

Les variétés anciennes de blé, des espèces plus rustiques comme le triticale acceptent bien la conduite en semis direct et s’avèrent plus résistantes aux aléas climatiques.

Pour en savoir plus :

Bérengère Durand
Animatrice du CIVAM Sud Charente
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