A partir d’une journée technique organisée, un groupe de maraichers de Dordogne s’est constitué pour travailler autour de la question de l’irrigation. Cet enjeu est primordial dans un système maraicher ou légumier notamment au regard du changement climatique
Quelle stratégie d'irrigation ?
Aujourd’hui, la gestion de l’eau est une composante de plus en plus importante pour la conduite d’un atelier en maraîchage bio en raison des conditions climatiques difficiles des dernières années avec des étés très chauds et secs. Cette action permet de donner les bases pour savoir dimensionner son réseau d'irrigation, définir une stratégie d’irrigation en tenant compte du type de sol, des cultures, du climat et des objectifs de productions. Il est aussi important de connaître les différents types de matériel d’irrigation existant, de mettre en avant les avantages et les inconvénients et de ainsi pouvoir choisir le matériel qui est adapté à son système.
La Dordogne compte 280 fermes produisant des légumes bio. Dans cette filière, la tendance est plus à l’installation qu’à la conversion (seulement 11Ha en conversion en 2020). Les adhérents d’AgroBio Périgord représentent 75% des nouveaux installés en bio en maraichage diversifié et cultures légumières sur le département de la Dordogne. L’objectif de cette action est donc d’augmenter la technicité de l’accompagnement proposé à ceux qui sont installés depuis plus longtemps en pérennisant le conseil dans la durée avec le même groupe.
Réalisation d’un suivi pilotage irrigation en maraichage sur plusieurs fermes
Cette action nécessite la mise en place de sonde capacitive chez les maraichers avec un relevé régulier pour affiner le pilotage de l’irrigation. La corrélation entre température, sol et fractionnement de l’irrigation permet à chacun de définir la meilleure approche pour sa ferme.
On constate souvent sur le terrain que le pilotage de l’irrigation se fait un peu « au doigt mouillé » en gratouillant le sol sur 5-10 cm surtout sous abris où les apports excessifs sont le plus courant. Tant que cela fonctionne et que la ressource en eau est suffisante on ne se pose pas trop de questions. Oui mais est ce que l’on ne pourrait pas optimiser ses apports pour faire des économies d’eau et de fertilisation, pour avoir des plantes avec un développement et une production régulière ?
Voici quelques points essentiels pour un pilotage de son irrigation optimisé :
- Connaitre les caractéristiques de son sol pour calculer la Réserve Utile (RU)
La RU c’est la quantité d’eau que le sol peut absorber et restituer à la plante (exprimée en mm). Elle dépend de la texture du sol (argile, limon, sable), de sa structure (sol meuble, tassé), du % de cailloux et du % de matière organique. La Réserve Facilement Utilisable (RFU) correspond à la partie de la RU exploitée par les racines.
- Estimer les besoins en eau des cultures
Ils varient bien sûr en fonction de la culture et de son stade de développement (utilisation du coefficient cultural Kc), mais aussi des conditions climatiques. L’ETP (évapotranspiration Potentielle) est un indicateur climatique fourni par les prévisionnistes et calculé à partir de la vitesse du vent, de l’hygrométrie, de l’ensoleillement et de la température.
- Comment vérifier que l’apport est adapté ?
Il est essentiel d’observer son sol et ses cultures pour évaluer ses pratiques et prendre les bonnes décisions. Plusieurs moyens sont possibles :- La gouge pour réaliser des prélèvements à environ 20 cm d’un goutteur (pour l’irrigation en goutte à goutte) ou entre 2 asperseurs. De façon très visuelle on observe l’humidité du sol sur l’horizon exploré par les racines. Ce prélèvement permet aussi de repérer des éventuelles compactions qui pourrait réduire la circulation de l’eau.
- Les sondes tensiométriques: elles permettent de mesurer de façon précise (manuellement ou automatique) la disponibilité en eau du sol et son évolution. En 2022 AgroBio Périgord a installé sur 3 fermes maraichères des sondes pour piloter l’irrigation de la tomate sous abris.
L’installation consiste à disposer sur une même planche de tomate 3 paires de sondes (1 paire= une sonde « surface » 25 cm + une « profondeur » 50cm), les relevés se font toutes les 6 heures automatiquement et enregistrés dans le boîtier. Le logiciel calcule la médiane des 3 sondes de chaque profondeur. L'enregistrement des données et leur transmission par Internet facilite le suivi des tensions et ainsi les doses d’irrigation seront adaptées régulièrement au cours de la saison.
L’eau notre ressource essentielle doit être la mieux valorisée en évitant les pertes. Différentes actions permettent d’atteindre ces objectifs dans les fermes. Néanmoins il est indispensable d’avoir un système d’irrigation adapté et performant.