La Journée mondiale de l’eau qui a lieu chaque année le 22 mars vise à accélérer le changement pour résoudre la crise de l’eau.
Comme chaque année, les membres de notre réseau, qui rassemblent des paysannes et paysans engagés dans des systèmes agroécologiques, tiennent à rappeler que l'eau est un bien commun indispensable à la vie de tous les êtres vivants.
L’eau peut être source de paix ou de conflit. Nous l'avons vu il y a un an à Sainte Soline. Ce 25 mars 2023 a marqué l’histoire de la lutte en France pour la défense de l’eau par son ampleur, sa détermination, mais aussi par la violence observée. Le nom de cette petite commune des Deux-Sèvres est devenu le symbole de la lutte contre l'irrigation intensive.
Bien que nécessaire pour toutes les productions agricoles, l'eau n'est pas utilisée par irrigation par la majorité des agriculteurs (en 2020, en France, 6,8 % des surfaces agricoles ont été irriguées. Source : Agreste - Recensement agricole 2020). A court terme, ces agriculteurs subissent des variations parfois importantes de volumes de récolte mais, à moyen terme, ils font évoluer leurs systèmes pour atténuer ces variations dues au dérèglement climatique et adaptent leurs productions.
Prétextant ce faible pourcentage de surface, le monde agricole est poussé à opter pour la solution de l'irrigation, afin d'atténuer la perte de productions. Cette fuite en avant sans limite a pour effet de changer le cycle de l'eau provoquant encore plus de sécheresses. En effet, stocker l’eau empêche celle-ci de s’infiltrer dans les sols, les nappes phréatiques peinent à se reconstituer, ce qui provoque une modification du fonctionnement hydrologique des bassins versants. Un réseau hydrographique qui s’assèche, c’est tout un écosystème, puis tout un climat local qui s’en trouvent modifiés, avec un risque de désertification.
Les systèmes d'irrigation doivent être conçus dans une stratégie agronomique globale de préservation des sols, qui consiste à favoriser, en particulier, la fixation de carbone, mais également la fertilité des sols, la lutte contre le dérèglement climatique ainsi qu’une meilleure résistance à la sécheresse par une plus grande capacité de stockage de l'eau de pluie dans le sol. L'agriculture doit s'adapter aux ressources mobilisables et non pas l'inverse. Il faut inciter les agriculteurs à s'engager dans des systèmes durables pour une gestion responsable tant de la quantité que de la qualité de l'eau, dans des systèmes agronomiques plus vertueux (rotation des cultures, moindre recours aux pesticides, diversification...).
En tant qu'associations qui accompagnent au quotidien sur nos territoires les agricultrices et agriculteurs qui choisissent des systèmes agro-écologiques adaptés à leurs territoires, nous tenons à rappeler que des solutions de stockage et des systèmes d’irrigation efficaces existent déjà dans de nombreuses fermes agro-écologiques. Il faut donc avant tout sortir d’un système agro-industriel toujours plus gourmand en eau et privilégier ces solutions déjà mises en œuvre par l’agriculture citoyenne et territoriale que nous défendons.